L’héritage éducatif du pape François pour l’Enseignement Catholique : Un chemin vers l’autre

Image d'illustration par manfred Kindlinger de Pixabay
Image d’illustration par manfred Kindlinger de Pixabay

Dans le décor austère d’une institution prestigieuse, un professeur demande à ses élèves de se lever, de monter sur leur bureau, de regarder la classe d’un autre point de vue. François citait souvent cette scène du « Cercle des poètes disparus », comme si elle contenait l’essentiel de ce qu’il voulait nous dire sur l’éducation : Voir autrement. Voir plus loin.

Le pape François a parlé d’éducation comme personne. Non pas comme d’un système à perfectionner, mais comme d’un mystère à habiter. Il nous a rappelé que nous ne transmettons pas seulement des savoirs, mais des façons d’être au monde.

Il rejetait les idéologies éducatives. « L’idéologie se rétracte toujours, » disait-il, « elle ne permet pas de se développer. »[1] À la place, il proposait l’humanisme de l’Évangile. Non pas une théorie abstraite, mais un chemin concret. Non pas des formules à répéter « comme des perroquets », mais des yeux nouveaux pour voir la complexité du monde.

Il parlait de curiosité. Pas celle qui cherche à tout savoir pour dominer, mais celle qui s’émerveille devant l’infini mystère de chaque être. La curiosité de l’enfant qui demande  » pourquoi ?  » et qui, dans ce simple mot, ouvre un espace où l’autre peut exister.

Dans un monde fragmenté, François nous appelait à bâtir « un village de l’éducation »². Avec son Pacte éducatif global, il rêvait d’une alliance audacieuse : entre familles, écoles, sociétés civiles et religions. Non pour imposer un modèle unique, mais pour remettre au centre la personne humaine, sa dignité, sa capacité à se relier. Enseigner à dialoguer plutôt qu’à dominer. Apprendre à regarder l’autre non comme une menace, mais comme une promesse. Apprendre à jeter des ponts entre les disciplines, les cultures, les croyances. Refuser le cloisonnement qui isole et qui laisse stérile. Le pacte, disait-il, n’est pas un slogan, mais un engagement : changer l’éducation pour changer le monde.

 » L’éducation est un travail de semailles « [2], on plante des graines sans savoir quand ni comment elles germeront. On attend, on persévère, on « sème au milieu des larmes pour récolter au milieu des chants »[3].

Il nous rappelait que la meilleure façon d’éduquer est de donner l’exemple. De modeler en nous ce que nous désirons chez nos élèves. Comme Jésus le faisait avec ses disciples. Comme nous nous y efforçons, chaque jour, parfois guidant, parfois suivant.

Dans nos écoles, nous pouvons être les héritiers de cette vision. Une éducation qui forme l’esprit mais aussi le cœur et les mains. Une éducation qui ne réduit pas l’humain à sa seule intelligence, mais qui l’ouvre à la rencontre, au service, à la transcendance.

Le pape François nous a quittés, mais évidemment son message demeure.
Éduquer, c’est espérer. C’est croire en la capacité de chaque être à se transformer et à transformer le monde. C’est parier sur l’avenir quand tout semble l’obscurcir.

Peut-être est-ce là son plus bel héritage : nous rappeler que l’éducation n’est pas seulement une affaire de techniques ou de programmes, mais une question d’amour. Et que cet amour, comme l’éducation elle-même, est « un travail de longue haleine, de patience, où les résultats sont parfois incertains »[4]. Mais c’est un travail qui vaut la peine d’être poursuivi.
Pour les enfants et les jeunes … avec eux …
Espérer.

Alain NOVEL

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[1] Discours du pape François à l’Université pontificale catholique de Quito le 7 juillet 2015

[2] Audience avec la Commission Internationale pour l’Apostolat de l’Éducation jésuite le 24 mai 2024

[3] Psaume 126 verset 5

[4] Audience avec la Commission Internationale pour l’Apostolat de l’Éducation jésuite le 24 mai 2024